Art

BOISCARNETSCRÉATION LOGOMETALPAPIERSPOÉMES SUSPENDUSTOILESTERREVERRE

“Hommage fut dressé dans une église de Blois : quatre bois hauts, à peine équarris. La sourate XIX, celle de Marie, circule de haut en bas à la surface des planches. Évidence : l’Écriture est une sève. Ici et là, l’artiste pose des carreaux de gaze. Mandiargues aurait écrit : «un paon de nuit piqué sur l’écorce». Solide installation, installation carénée où Abdallah Akar s’affirme par deux fois fidèle : à la ligne de Jean (XIX,25) : «près de la croix, se tenait Marie», fidèle aussi à la connivence, ici réitérée, de la matière et de l’Écriture.”
Gérard Boyer*

Support : bois (4 planches de 20×200 cm)
Technique : Encre acrylique feuilles d’or
Coran « Sourate de Marie »

«Pour son exposition à la Galerie Saint Martin, 11 rue des Saints-Pères, le peintre et calligraphe Abdallah Akar présente des oeuvres récentes sur papier: une suite de carnets-éventails enluminés. Le Grand Siècle les eût dit «de grand vol» tant chaque feuillure-chaque brin- s’enrichit de compositions précieuses, collages ponctués d’or, alphabets nobles ou écorchés. S’y murmurent des poèmes du désert tunisien. Abdallah Akar, mélangeant Vélocité et patience, revisite ici l’art des miniaturistes.»
Gérard Boyer*

Ensemble de carnets calligraphiés (pièces uniques) feuillets et dimensions variables.
Hommage conjoint à la poésie française et arabe (J. Prévert, P. Éluard, G. Appolinaire, Badr Chaker Assayab, A. Chabbi…)
En permanence à la galerie Saint-Martin
5 et 11 rue des Saints Pères, 75006 Paris

Bagdad, un grand fer écorché, un joyau de chair forgeronne. Dans le jour de la claire-voie de Bagdad, illustre résille qu’on peut voir dans les collections qatari, on lit ce verset : «Nous avons fait descendre le fer qui contient danger terrible et utilité pour les hommes.» (sourate LVII, verset 25). Jetons, si vous le voulez bien, par-dessus cette balustrade une gerbe de roses blanches. Utiles, les hautes portes ferrées d’Abdallah Akar dans le pelage de leurs ombres où le poème se tatoue. Car jamais le poème ne renonce. Qu’on le presse de fermer la ville de ses deux battants éclaboussés de jour et de poème!(Et si, dans les villes, on commençait par un verrou de poèmes?) Ainsi, fers écartés, Abdallah Akar peut écrire : «Quand la liberté rentrera, je rentrerai.» Cette leçon de fer est nouvelle chez lui. Muscle, feu, abrasion : on doit se faire à ces coutumes. Évoquant Eduardo Chillida, Gaston Bachelard a écrit : « À l’extrémité de la rêverie dure, règne le fer.» Aujourd’hui la rêverie d’Abdallah Akar est un corps à corps dans «le cosmos du fer». Ce sont des portes, ce sont des lames. Les Damascènes appelaient «giohar» le rutilement qui signait leurs lames. Des moires. Dans son exercice, le maître-fourbisseur devait ajouter et encore ajouter : huile de sésame, éventail de plumes, cendres de tabac, sels des montagnes Druzes. Le soleil ne lui valait rien. Les chauffes se faisaient avant l’aube. Ensuite, cela tranchait y compris un mouchoir de soie lâché dans l’air que des cavaliers au galop poursuivaient. Cela tranchait.
Abdallah Akar, lui, fourbit les mots. Dans un franchissement du métal, il parle. Il actualise le vers trois fois millénaire : «De leurs épées, ils forgeront des socs et de leurs lances, des faucilles.»
Gérard Boyer

Support : Fer sur socle
Dimension : Haut. : 200 cm – Ep. : 1 cm
Poids : 75kg par plaque avec socle
Dimensions sol : 40 x 40 cm
Technique : ajouré et brossé
– La disposition de l’ensemble des 3 plaques est variable suivant l’espace.

Quatre voilures s’abaissent lentement jusqu’à la terre. Pour contenir le nom de Dieu, Abdallah Akar a voulu une habitation textile. C’est un sanctuaire mais c’est un bivouac. Une seule brise et ce serait l’envol.
Bien sûr, il y a les pas de Dieu dans son jardin: dix fois dix empreintes de Ses pas sur des carreaux de terre où passe tout le nuancier du ciel.
Lieu de transparence mais enclos. Reposoir à l’usage du liturge et de celui qui comme moi chemine. Au «Livre des Ressemblances», Edmond Jabès a écrit: «Dieu n’est qu’une faim tenaillante de Dieu». Alors, dans la cotonnade qui descend sasn fin Abdallah Akar égrène: Dieu, Dieu, Dieu… Nous ne connaîtrons pas de satiété.
Rectitude, magnificence, lignage (mémoire de ces lins où couraient les lettrages coufiques) : hautes hampes qui signez le Nom qui est au-dessus de tout nom, par le calame d’Abdallah Akar, vous habitez un campement d’avant l’aube, provision de miel pour le routes.
Gérard Boyer*

Support : toiles
Technique : mixte.

De la lumière et de l’homme

Un thème retenu par le jubilé du diocèse de Pontoise (95) en région parisienne .

C’est une oeuvre qui voit le jour après quelques années de réflexion sue le thème des Sept dormants d’Ephèse.
En effet depuis mon enfance dans le sud tunisien, je suis en contact avec cette légende.
Sur la pente d’une montagne à Chenini, village berbère au sud de Tataouine, se dresse une petite mosquée (dite: «mosquée des 7 dormants») avec des tombes géantes et abritant une grotte dans laquelle les sept dormants d’Éphèse ont trouvé refuge, d’après les croyances locales.
Plus tard je découvre en Bretagne, à l’ouest de la France , dans une autre petit village qui s’appelle «Le vieux marché», un évènement qui se déroule chaque mois de juillet : une procession vers «la fontaine des sept dormants» qui a aussi pour thème les sept dormants d’Éphèse. Un imam de la mosquée de Paris est invité à lire le début de la sourate XVIII du Coran intitulée Al-Kahf (La Caverne) . La messe, dans la chapelle du village, est dite en latin, en breton et en arabe!
Les Sept Dormants d’Éphèse est un miracle qui semble commun aux chrétiens et aux musulmans ; il met en scène des jeunes gens dormant dans une caverne pendant une très longue durée (309 ans). Une Sourate coranique raconte et décrit leur périple. Quand le diocèse de Pontoise m’a demandé de réaliser une oeuvre sur le thème de « la lumière et de l’homme », alors le texte de cette sourate s’est imposé à moi. Sur ce thème commun aux chrétiens et aux musulmans, mon but a été de trouver les points de convergence et de dialogue entre ces deux communautés. Pour traduire la lumière, le choix de la transparence par la matière du verre s’est imposé.
Le texte est le début de la sourate, du vers 9 au vers 26, parcourant sept stèles en verre représentant symboliquement les sept dormants. Pour une installation du calligraphe Abdallah Akar en l’église de Saint-Ouen l’Aumône (mai 2OO6). Année Jubilaire du Diocèse de Pontoise.
Le verre est comme l’eau au fond du puits. Enigme qui rive l’oeil. Pépite qui regarde depuis les fonds. A corps éphémères, scriptorium éphémère. Dans sept pages liquides Abdallah Akar trace la voie martyre de sept croyants dans l’Asie Mineure, au temps de Dèce, l’empereur. Ténèbre de la plongée des gens de «la caverne» qu’il a lue au Livre sacré du Coran. (Al Kahf, versets 9-26) Or, voici que les âmes sont fluides. La vicissitude, le songe, chacune de nos nuits- cela le calligraphe le sait- sont immanquablement ponctués de fragments minuscules et solaires. Puisque Dieu n’abandonne jamais.
Gérard Boyer